Les ambitions d’agrandissement du Port International du Sud

Autorité Portuaire Nationale - Haiti

En janvier 2022, le port international du Sud S.A avait accueilli son premier navire, 25 ans après le début d’un projet financé à hauteur de 8 millions de dollars par ses 1 500 actionnaires, Haïtiens et étrangers. Pour le plan d’agrandissement, ambitieux, qui prévoit de faire passer le wharf de 50 à 260 mètres pour recevoir les bateaux cargos de 190 à 200 mètres de long, la construction d’un terminal pétrolier de 4,5 millions de gallons de produits pétroliers, de trois dépôts totalisant 4500 m2, une route de 8 km de la nationale #2 au port, on cherche du financement. Des financements de l’Etat haïtien ainsi que des bailleurs ou de particuliers serait le bienvenu, soutient son vice-président, Ann Hauge.

Lorsqu’un navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) ayant à son bord des tonnes métriques de produits alimentaires au profit des victimes du séisme d’août 2021 a jeté l’ancre pour la première fois au port international du sud, à Baie du Mesle, en interview avec Le Nouvelliste, en janvier 2022, l’agronome Pierre Léger, fier, heureux, avait mis en avant les « 25 ans de misère » enduré pour matérialiser cette phase du projet, essentiel au développement, au désenclavement du grand Sud.

Au total, en 2022, sept navires ont utilisé les infrastructures du port où sont présentes les douanes, l’Autorité portuaire nationale (APN), la BLTS, l’équipe de quarantaine. La BLTS inspecte tous les bateaux avant le débarquement des marchandises, a confié à Le Nouvelliste Ann Hauge, vice-président de cette société dont les 1500 investisseurs, Haïtiens et étrangers, ont déjà investi 8 millions de dollars américains, lundi 3 avril 2023.

Le cap est mis après l’assemblée générale du 25 mars 2023 sur la recherche de financement pour les autres phases du projet dans un contexte de blocage du transport normal depuis Port-au-Prince et de la disponibilité extrêmement limitée des produits pétroliers dans le grand Sud.« Nos 1 500 actionnaires haïtiens et étrangers croient dans le futur du port et du grand Sud. Ils seraient trop contents de voir que l’Etat haïtien ainsi que les bailleurs et des acteurs privés s’intéressent à nous accompagner », a-t-elle indiqué.

« Un officiel de l’Etat nous a demandé en septembre 2022 de soumettre un plan d’investissement qui rendrait le port fonctionnel. Ce plan a été soumis à l’État en octobre 2022. Nous sommes en avril 2023. Nous sommes à la disposition de l’État pour parler de toute formule pour une solution à l’avantage du grand Sud. Nous sommes tout à fait disponibles à accueillir l’investissement de l’Etat dans cette infrastructure », a expliqué à Le Nouvelliste Ann Hauge.

« La seule chose, nous préférons une formule qui promeuve une gestion privée parce que la gestion de l’Etat dans le passé n’a pas été toujours tout à fait à l’avantage du public », a-t-elle souligné.

Il est prévu d’installer, selon le plan partagé avec Le Nouvelliste, « un anchor buoy system » permettant au quai actuel de 50 mètres de recevoir les bateaux cargos de 190 à 200 mètres de long. Les denrées principales importées en Haïti telles que le riz et d’autres produits comme le ciment, l’acier, le sucre viennent dans de plus en plus grands bateaux qui pourraient débarquer leurs marchandises dans plusieurs ports, à St-Louis du Sud, au Cap-Haïtien, à Port-au-Prince. L’utilisation d’un seul bateau de fort tonnage offre aux importateurs des frais de transport par tonne métrique moindres. Cela peut permettre de commander de pays lointains, tels que la Chine, la Turquie, l’Inde. L’installation de deux barges pour allonger le wharf de 50 mètres à 260 mètres offre des avantages pour les quais par rapport à de futurs séismes sur la faille Enriquillo. En plus, des changements de niveau de la mer liés aux changements climatiques affecteront moins les barges que des installations portuaires fixes. Les barges ajoutées au wharf actuel permettront au port d’accueillir des bateaux conteneurs et d’avoir des équipements nécessaires de débarquer, transporter et manier les conteneurs selon ce plan qui prévoit la construction d’un terminal pétrolier de 3 citernes d’une capacité de 1,5 million de gallons chacun. Il est prévu deux citernes pour le diesel et une pour la gazoline. Les bateaux pétroliers allant aux terminaux pétroliers de Port-au-Prince pourraient s’arrêter au port de St- Louis pour débarquer une partie de leurs cargaisons. La construction du terminal pétrolier devrait coûter 13 millions de dollars, a confié au journal Ann Hauge.

Selon le plan, il est prévu la construction de trois dépôts de 1500 mètres carrés pour le stockage de produits comme le riz, le sucre, le fer, etc, selon ce plan qui prévoit également une route de 8 kilomètres, de la route nationale numéro 2 au port, à Baie du Mesle. Lors de sa visite au port le 23 avril 2021, le président Jovenel Moïse avait promis l’accompagnement de l’État pour l’asphaltage de ces 8 kilomètres aujourd’hui en terre battue, projet financé par le port. Moins de quarante-huit heures après son passage, un bulldozer D-8 des TPTC était acheminé au port et avait commencé à travailler sur la route d’accès. Cependant, après la mort du président, n’ont pas été resoectées, a expliqué Ann Hauge, vice-présidente du port internationale du Sud S.A. L’ensemble de ces installations devraient coûter un peu plus de 35 millions de dollars, selon ce plan. Tous les investisseurs, dont Jacques Bartoli, Jean Maurice Buteau, Jean François Chéry, Patrice Denis, Marc Arthur Larosilière, Franck Léger, Pierre Léger, Jean Claude Roche, croient dans l’importance du port, de cette infrastructure essentielle pour permettre au grand Sud d’avoir accès à des services et de développer pleinement ses potentiels.

« Le grand Sud a un potentiel énorme au point de vue agricole, piscicole, agro-industriel, industriel et autres. Pour permettre aux gens d’investir, de produire et vivre tranquillement, il leur faudrait un port plus proche qui pourrait les desservir pour toutes sortes d’exportations et importations normales. Quand nous aurions la possibilité de recevoir les conteneurs, il y aurait moyen d’exporter la production agricole et agro-industrielle du Sud: miel, snacks faits à partir du manioc et des fruits de l’arbre véritable, cassave, cacao, toutes sortes de fruits, légumes, vivres, clairin. Les entrepreneurs haïtiens sont capables de fabriquer des produits de qualité et de trouver des marchés à l’extérieur. Avec le port il y aurait moyen aussi d’encourager quelques parcs industriels à s’installer dans la région, a raconté Ann Hauge, qui espère la matérialisation d’un partenariat public-privé.

Fin 2021, le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, avait affirmé avoir trouvé des investisseurs qui voulaient ouvrir des sites de stockages dans les régions. « Nous avons trouvé des investisseurs qui veulent ouvrir des sites de stockage dans les régions », avait confié le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, sur Magik9, le 8 décembre 2021. Pour Michel Patrick Boisvert, ces réalisations allaient compenser l’absence de stock stratégique dans le pays. « Même si le pays n’a pas de stock stratégique, on aura plus de stocks disponibles ; le pays aura plus de produits disponibles », avait indiqué le ministre à un moment où le pays sortait d’une grave pénurie de carburants, aggravée par l’action des gangs qui avaient pris le contrôle des routes conduisant au terminal pétrolier de Varreux où 70 % des produits pétroliers consommés en Haïti sont stockés.

Par Roberson Alphonse
03 avril 2023 |

Le Nouvelliste
©️ Le Nouvelliste 2023

https://www.lenouvelliste.com/article/241631/les-ambitions-dagrandissement-du-port-international-du-sud